Article publié le 31/10/2024. Modifié le 8/11/2024.
Pêche de l’Aïmara en Guyane Française :
Aujourd’hui plus que jamais le pêcheur globe trotteur est à la recherche des dernières zones encore sauvages, non soumises à notre empreinte. Cette quête peut nous mener sur des spots incertains où l’insécurité rime avec pêche difficile et où la surpêche est parfois de mise. Il existe cependant des destinations offrant un compromis entre sécurité, aventure, nature et pêche explosive !
La pêche de l’Aïmara en Guyane symbolise tout cela à la fois.
Un cadre paradisiaque
L’Amazonie faisait parti de mes rêves et le restera toujours. J’ai eu la chance d’y séjourner 2 fois et je ne peux qu’espérer y retourner.
La forêt primaire, quasiment intacte, ses arbres aussi vieux que hauts, ses animaux mythiques ; jaguars, perroquets aras, singes hurleurs, caïmans, papillons morphos, autant de vies que de couleurs, d’odeurs bref ; un monde dans notre monde.
Cet endroit unique et si fragile est encore là, à notre portée et y aller dans cet optique d’écotourisme peut clairement participer à sa survie.
Le roi des carnassiers !
Imaginez un poisson capable de se tenir dans toutes les zones que peuvent lui offrir son fleuve. Dans les rapides à l’image des truites, collé au fond tel un sandre, en embuscade au cœur d’un arbre noyé comme le ferait un brochet ou encore à l’affût, au raz du bord juste sous une branche stylé black bass !
Imaginez un poisson capable de vous arracher la canne des mains en pêchant linéaire aux leurres souples, imaginez-le vous détruire un spinnerbait à la sortie d’un arbre mort.
Imaginez juste la détonation de son attaque en surface, dans la brume à 6h du matin où seul l’écho de ce fracas dans la jungle encore endormi vous fera prendre conscience que ce n’est pas un rêve !
L’aimara aussi primitif qu’il peut l’être a en lui tous les autres carnassiers de la planète. Il saute, sonde, déroule du fil sur un frein serré à bloc. Le tigre du fleuve est imprévisible !
Un monstre brutal créé pour tuer
Voilà l’image souvent donnée à ce poisson mais non, l’aimara n’est pas un monstre mais plutôt l’inverse… Il est le fruit d’une adaptation millimétrée et d’une sélection génétique qui a traversée les ages.
Taillé dans la masse, armé d’une mâchoire de pit-bull aux dents tranchantes, c’est un poisson trapu orné d’une nageoire caudale surdimensionnée.
Niveau comportement, il est hyper opportuniste, capable de se nourrir de poissons, d’oiseaux et même de singes auxquels il lui arrive d’arracher les membres.
S’il ne paraît pas des plus colorés ce n’est pas pour rien. C’est un poisson marbré, camouflé dans son élément qui aurait troqué toute forme de raffinement contre de la violence à l’état pure.
Enfin, derrière cette présentation plutôt flippante l’aimara reste très mal connu. Surtout, son caractère viril le précède trop souvent. Mais ce n’est pas pour nous déplaire. Certes, il faut faire attention mais n’ayez crainte, il ne vous mangera pas ! Et surtout, cette puissance qu’il dégage c’est juste de l’efficacité et en action de pêche c’est le paradis !
Parlons mensurations !
Quelque soit sa taille attendez vous à un adversaire légèrement bourrin. Oui, légèrement quand il fait 2 kilos mais lorsqu’il dépasse les 7/8 kilos préparez vous à prendre une claque, une grosse claquasse qui vous fera tomber amoureux de ce poisson car personne ne reste indifférent face à l’aimara.
Mâchoire serrée à bloc il ne lâche pas l’affaire comme ça.
Sur un séjour classique la moyenne se situe autours de 5 kilos. Vous pourrez cependant espérer toucher un poisson de plus de 10 kilos ; ce qui n’est pas rare et pourquoi pas viser un record au delà des 15 kilos !
L’expédition !
Tout se passe sur le fleuve Sinnamary, au dessus de l’immense barrage hydroélectrique de petit saut. En effet la création de ce barrage a donné naissance à un comportement et une densité unique d’aimaras. Il est simplement un des seuls super prédateurs de cet écosystème aquatique. Il se développe dans un environnement ultra sain. Aucune pollution, pas de présence d’orpaillage, bref des conditions optimales à son développement et sa reproduction.
Niveau pêche n’imaginez pas la cohue. Il faut traverser le lac de barrage (70km), remonter le fleuve, faire du portage (si vous souhaitez atteindre des zones moins fréquentées) et installer un camp pour y séjourner. Toute cette logistique limite la fréquentation des spots de pêche et préserve ainsi le poisson. La saison des pluie freine aussi l’accès et l’envie de vivre en jungle et finalement ce poisson se pêche sur une période assez courte.
On a donc un contexte durable mêlant un fleuve en très bonne santé, une densité exceptionnelle et une fréquentation très limité. Tout ce qu’il faut pour nous rassurer et assurer un très gros potentiel pêche!
Notre guide, Julien Rossignol fréquente le fleuve depuis plus de 15 ans. Il maîtrise la traque et la pêche de l’aïmara, poisson dont il semble être fougueusement amoureux ! Naturaliste dans l’âme il vous fera découvrir les trésors de la jungle et vous installera avec sécurité et confort au sein de cette nature envoûtante. Oubliez les clichés et autres préjugés. La jungle est bien plus accueillante que l’on imagine.
Pour la pêche de l’Aïmara en Guyane, niveau matos, prévoyez du costaud !
Vous l’avez compris ce fish ne fait pas dans la dentelle.
Pour les cannes je préfère les casting pour leur précision et leur facilité à propulser des gros leurres. (les cannes spinning feront aussi le taf) En puissance prenez au minima du 70gr jusqu’à 150gr en vue des leurres utilisés. La réserve de puissance est très importante afin d’extraire en force les poissons des obstacles. J’ai personnellement utilisé (entre autres) une canne de 300gr de puissance en fibre de verre pour les leurres qui vibrent et tirent beaucoup et honnêtement ce n’était pas trop puissant face aux aimaras. Pour les autres cannes je me suis contenté des savage gear mpp en 100 et 150gr de puissance. Des cannes à moins de 100 euros très solides et polyvalentes.
Les moulinets doivent avoir un frein costaud (le moulinet casting okuma komodo 364 est parfait pour ça) et une contenance pouvant accueillir une tresse en 40 centièmes.
Pour le bas de ligne on ne joue pas. Acier ou titane, 23 kilos minimum sur 30cm. Cette année j’ai utilisé le carbone 49 de Savage gear, un acier gainé 49 brins qui se noue. Un gain de temps non négligeable sur l’eau pour refaire les bas de ligne. Autre élément important, pas d’agrafe. On termine sur un anneau brisé de très bonne qualité.
Leurres et accessoires :
Les leurres utilisables pour la pêche de l’Aïmara en Guyane, sont divers et variés. J’ai envie de vous dire « pêchez comme vous aimez ».
En surface stickbait, popper, crawler, propbait se feront dézinguer. Entre deux eaux, spinnerbait, cuillère tournante, chatterbait, lipless, jerkbait.
Au fond, leurres souples lestés avec une forte préférence pour les gros texans.
Aussi, pour l’anecdote, ce poisson se décroche très facilement. Où plutôt, il est difficile à ferrer. Alors, favorisez les hameçons simples aux triples. Pour ma part, je n’ai utilisé que ça et cerise sur le gâteau : sans ardillon ! Il me semble important que même en séjour pêche le respect du poisson est de rigueur. Mais c’est surtout afin d’éviter les accidents qui si loin de la ville peuvent amputer le séjour.
Egalément, essayez de limiter l’utilisation du fish grip ou autre pinces type boca grip. Ainsi, elles blessent surtout les poissons. Par contre n’oubliez pas la pince long bec et une bonne pince à anneaux brisés.
Mais Le guide saura vous démontrer que ce poisson est manipulable à la main sans trop de risque. Enfin, c’est quand même vous qui choisirez !
Pour conclure, un séjour de pêche de l’Aïmara en Amazonie c’est une expérience unique. Une folie qui restera gravée à vie dans votre mémoire. Des moments uniques au cœur de la jungle à contempler les jolis toucans tandis que l ‘aimara, terrible tigre du fleuve vous décrochera le cœur sur ses attaques surpuissantes !
Sylvain « Le Dentiste »
Infos sur la destination : Fiche.